Il y a un moment dans la vie d’un homme qui bouscule tout. Ce moment, c’est la naissance d’un enfant. Mais ce que l’on dit moins, c’est que les heures, les jours, les semaines qui suivent sont tout aussi déterminants. C’est là que se construit le lien. C’est là que s’invente l’organisation du couple, que se forme l’équilibre à trois. C’est là que se joue le début de l’aventure. Dans cet entre-deux si fragile, le congé paternité n’est pas un luxe : c’est un fondement.
Ce moment, souvent situé autour d’un lundi ou d’un mercredi, constitue un tournant pour toute famille. La prise du congé, qu’il soit en activité professionnelle ou en interruption, offre une meilleure organisation de l'accueil de l'enfant. Le service public, comme le secteur privé, reconnaît aujourd’hui ce droit au congé, dont la durée peut varier selon la situation du salarié.
Jérémy, jeune médecin, père depuis peu d’une petite fille nommée Pénélope, en a fait l’expérience. Dans le podcast Prélude, il raconte avec une sincérité désarmante ce que représente ce temps suspendu : la découverte de son bébé, l’apprentissage du quotidien, les nuits blanches, et surtout, cette évidence qui s’impose très vite — il faut être deux. Pas deux à moitié, pas deux les soirs ou les week-ends. Deux pleinement, présents, ensemble, dès le départ. Il inclut ainsi pleinement son rôle d'homme et de père biologique.
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Un lien qui se construit dans la durée
Pendant les deux premières semaines, Jérémy est en congé. Il découvre les gestes, le rythme, les pleurs de décharge, les biberons nocturnes. Il est là pour bercer, soutenir, cuisiner, rassurer. Il ne se contente pas d’observer : il participe. Il agit. Il apprend. Ce qu’il vit, il n’aurait jamais pu l’imaginer à distance. Il le dit très simplement : « Il faut être deux. » Cette implication est d’autant plus précieuse lorsqu’elle survient dès le jour de la naissance ou dans le délai de 6 mois qui suivent.
Ce n’est pas seulement pour soulager la mère — bien que cela compte. C’est aussi pour créer une relation directe avec son enfant. Une relation qui ne passe pas seulement par les “moments câlins”, mais par la fatigue, la répétition, la tendresse quotidienne. C’est au cœur de cette réalité concrète que naît l’attachement, que se forge le lien père-bébé. Dès le début du congé, cette proximité permet une réelle reconnaissance du rôle du père, bien au-delà des quatre jours de congé de naissance obligatoires. L’accueil de l’enfant après sa naissance nécessite ce type de présence.
Il faut rappeler que la durée du congé paternité est aujourd’hui de 25 jours calendaires, et peut aller jusqu’à 32 jours en cas de naissances multiples, selon le nouveau dispositif entré en vigueur le 1er juillet 2021. Ce congé est structuré en deux parties : une période obligatoire de 4 jours, immédiatement après le congé de naissance, suivie d’une première période de 21 jours, puis, le cas échéant, d’une deuxième période, qui peut être fractionnée sous certaines conditions. Cette organisation du congé permet un meilleur équilibre pour les familles et facilite la reprise d’activité.
L’organisation : l’autre clé du post-partum
La présence du père n’est pas qu’émotionnelle. Elle est aussi profondément logistique. Qui se lève la nuit ? Qui cuisine ? Qui répond au téléphone ? Qui sort acheter des couches ? Jérémy évoque ces petits objets qui changent tout : une veilleuse pour éviter d’allumer la lumière la nuit, un compartiment à lait pour ne pas compter les cuillères à 3 h du matin, un congélateur plein avant l’accouchement. Ces détails ne sont pas anecdotiques. Ils permettent au couple de tenir, surtout quand l’unité familiale accueille un nouveau-né.
Car oui, le début du congé correspond souvent au jour de la naissance ou au premier jour ouvrable suivant. Et dans certains cas (comme une hospitalisation immédiate de l’enfant), le calendrier peut être adapté. C’est un temps professionnel mis entre parenthèses, mais structuré selon des règles bien précises du Code du travail.
Pour bénéficier du congé paternité, le salarié du secteur privé doit remplir certaines conditions : un contrat de travail actif, un numéro de sécurité sociale, et avoir cotisé l’équivalent de 150 heures de travail sur les trois derniers mois. Il n’y a pas de condition d’ancienneté, mais l’indemnisation est soumise à la fourniture d’un justificatif, généralement une copie intégrale de l’acte de naissance. Il faut parfois transmettre également une copie du livret de famille. Cette démarche est encadrée par la sécurité sociale et l’assurance maladie. Les bénéficiaires peuvent être aussi bien dans le secteur public que privé, et cela inclut les travailleurs indépendants ou en emploi à temps partiel.
Le congé paternité, un droit sous-estimé
« Ne le prends pas en entier. » C’est ce que plusieurs collègues de Jérémy lui ont conseillé avant la naissance de sa fille. Des hommes sans enfants, qui voyaient ce congé comme un temps “perdu”, comme une parenthèse inutile dans une carrière médicale. Jérémy, heureusement, n’a pas écouté. Il a pris son congé. Et il le dit avec force : il n’aurait pas fallu en perdre une seule minute. Il souhaite aujourd’hui partager cette expérience dans un article publié sur une page dédiée au congé parental.
Le droit au congé ne se limite pas à un confort personnel : il est reconnu pour tous les travailleurs indépendants, les fonctionnaires, les parents et salariés, selon un dispositif encadré par la sécurité sociale. La démarche pour faire une demande de congé paternité est simple mais précise : une lettre recommandée avec accusé de réception, adressée à l’employeur, accompagnée d’un document ou pièce justificative (par exemple l’acte de naissance ou la copie du livret de famille). En cas de décès de la mère, le père bénéficie de dispositions spécifiques permettant d’élargir la durée du congé.
L’indemnité journalière est calculée à partir du salaire journalier de base, dans la limite du montant forfaitaire prévu par la CPAM ou la MSA, et le versement est effectué directement par l’assurance maladie. Il est important de noter que la date du début du congé paternité peut être pris dans les six mois suivant la naissance avec une durée maximale de 25 jours ouvrables. Une belle évolution depuis 2002 avec la modification du code de loi, avec un allongement du congé de 14 jours. Ce congé est inclus dans le dispositif global de soutien à la parentalité.
De plus, le congé fractionné est possible en deux périodes de congé au maximum, chacune d’une durée maximale de 21 jours pour la période facultative. Cette partie doit comporter au moins 5 jours de congé par période. Cette souplesse permet à de nombreux hommes de mieux organiser leur emploi du temps, tout en assurant un accueil adapté à l’enfant.
À savoir, le congé parental peut être accordé à tout salarié dans les conditions suivantes : il faut une ancienneté dans l'entreprise et avoir au minimum exercé une profession et une cotisation vieillesse d'au moins 8 ans dans les 4 ans avant la naissance de votre enfant. Le contrat de travail est suspendu durant cette période, sans rompre le lien d'emploi avec l’employeur. L'allocation perçue dépend de la situation du bénéficiaire, notamment s’il est inscrit à Pôle Emploi ou affilié à France Travail.
Ce que montre son témoignage, c’est que ce congé n’est pas seulement un droit : c’est un levier de transformation. C’est la preuve que le père a toute sa place dès les premiers jours. Et c’est un pilier essentiel pour une parentalité plus équilibrée, plus juste, plus humaine. Le service de maternité, l’équipe médicale, les fiches d'information transmises lors de l’accouchement ou après la naissance de l’enfant doivent systématiquement inclure une explication du droit au congé paternité. Cela inclut aussi l’ensemble des modalités : jours consécutifs ou non, durée minimale, fractionnement, indemnisation, rémunération, délai de demande, etc.
Ce qu’on retient
Il n’y a pas de “bonne manière” d’être père, mais il y a des présences qui changent tout. Être là, vraiment là, quand tout commence. Se lever la nuit, apprendre à bercer, partager les doutes, les joies, les couches et les silences. Dire oui à ce bouleversement. Dire non à ceux qui pensent que ce n’est “pas grand-chose”. Parce que les premiers jours passent vite. Et que tout se joue là. Ce qui est sûr, c’est que ce congé ne doit plus jamais être vu comme une exception, mais comme un socle, une norme, un droit fondamental inscrit dans le pacte civil de solidarité d’une société moderne.
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