Devenir mère est un bouleversement majeur. Lorsqu’il s’accompagne d’un deuil, il devient une expérience extrêmement difficile à vivre. C’est la situation que Pauline a connue : « J’ai perdu mon papa deux ans avant la naissance de ma fille. Mais le vrai travail de deuil a commencé quand elle est arrivée. » Le décès de mon père a été un tournant dans ma vie, mais je n'avais pas mesuré à quel point il continuerait à me suivre dans cette nouvelle étape. Chaque personne réagit différemment face à la disparition d’un être cher, mais le besoin de ressources, d’écoute et d’accompagnement reste universel. Il est essentiel de reconnaître que le deuil n’est pas seulement émotionnel, mais également physique, social, et existentiel.
Un choc silencieux
Dans les semaines qui suivent l’accouchement, Pauline ressent un mélange d’émotion intense, de fatigue et de chagrin. Elle se rend compte qu’elle n’a jamais vraiment accepté la réalité de la perte. Son papa est décédé, mais elle n’avait pas pris le temps d’intégrer cette absence. Le deuil est un processus qui peut resurgir brutalement, notamment dans les moments de grande vulnérabilité. Pour Pauline, ce fut la maternité. « J’avais l’impression d’être face à la perte pour la première fois. » Elle comprend alors qu'elle n’a jamais affronté l’état de mort de son père avec toute la conscience nécessaire. Le choc qu’elle ressent fait écho à d’autres pertes qu’elle a vécues dans son enfance. Elle ressent un bouleversement profond dans son identité de femme et de mère, confrontée à la fin d’une relation filiale.
Se sentir débordée
Cette période post-partum est marquée par une grande fragilité. L’état de santé mentale est mis à l’épreuve. Pauline tente de gérer seule, mais rapidement, elle s’effondre. Les émotions affluent : tristesse, regrets, souvenirs. Le chagrin est présent au quotidien, et elle comprend que le processus de deuil est loin d’être terminé. Elle avait besoin qu'on l’aide à soutenir sa propre capacité à faire face à cette situation inédite. Elle repense à sa relation avec son père, un homme grand, discret, qui aimait profondément sa famille, ses amis, et avec qui elle avait tissé un lien unique. Elle revoit certains mots échangés, des souvenirs d’un dernier voyage, des choses simples mais essentielles. Elle ressent aussi le vide laissé par ce défunt si cher. Elle pense souvent à son frère et à sa sœur, qui ont également été confrontés à cette perte. Le sentiment d’abandon est profond.
S’autoriser à demander de l’aide
« C’est quand j’ai commencé à consulter une psychologue que j’ai commencé à traverser ces émotions. » Accepter d’être aidée a été le premier pas vers un véritable accompagnement. Le dialogue avec une professionnelle, les mots posés, les larmes libérées : tout cela fait partie d’un cheminement essentiel. Le soutien psychologique n’est pas un luxe, mais un besoin vital dans ce type de situation. Chaque semaine, elle apprend à exprimer ses sentiments et à prendre soin de soi. Elle comprend que même en tant qu’adulte, on peut se sentir abandonnée, malheureuse, confrontée à une douleur très physique. Elle découvre à quel point il est important de faire appel à un professionnel spécialisé dans l'accompagnement du deuil. Elle lit aussi plusieurs articles qui l’aident à mieux comprendre ses réactions.
Pauline rejoint aussi un groupe endeuillé. Partager son histoire, écouter celle des autres, trouver du réconfort dans une parole commune : ces instants lui permettent de sortir de l’isolement. Elle apprend à identifier les étapes du deuil, à reconnaître que le deuil est un processus individuel mais universel. Elle comprend qu’il n’y a pas de ligne droite dans ce parcours, mais un rythme propre à chacun. Certaines femmes vivent cette phase comme une crise, un changement profond de leur rapport au monde. Il n’y a pas de solution magique, seulement une succession d’actes de soin, d’écoute et de patience qui permettent d’avancer.
Les freins inattendus
Elle raconte aussi combien il est difficile de vivre cette douleur alors que tout le monde s’attend à ce qu’elle soit épanouie. « J’avais honte de pleurer. Je culpabilisais de ne pas être heureuse. » Le soutien de ses proches, le fait d’être écoutée sans jugement, lui ont permis de mieux comprendre ses réactions. Elle réalise qu’accepter sa tristesse, c’est aussi s’accepter soi. Se faire soutenir, même dans les gestes du quotidien, l’a aidée à surmonter sa culpabilité. Le fait de partager ces émotions avec d’autres femmes dans des situations similaires a été une étape vers la guérison. Elle sent que ses émotions sont valides, qu’il existe un espace où elle peut les exprimer sans filtre. Ce soutien l’a aidée à transformer un état de crise en une phase de reconstruction.
Des démarches qui ravivent la douleur
Le deuil ne se vit pas seulement à l’intérieur. Il se manifeste également par toutes les formalités essentielles qu’il faut assumer : organiser les obsèques, effectuer la déclaration de succession, prévenir l'employeur, comprendre les droits d’un enfant orphelin, explorer les pistes d’aide sociale. Ces étapes sont difficiles à affronter lorsqu’on est déjà épuisée physiquement et mentalement. Un accompagnement administratif peut aussi être un grand soulagement. Le décès de mon père m’a confrontée à des démarches que je ne soupçonnais pas, et chaque courrier reçu ravivait la douleur. Elle se tourne vers une association spécialisée qui l’aide à affronter cette phase. Cette aide extérieure lui permet de retrouver une forme de refuge dans un quotidien bouleversé. Chaque action concrète l’aide à reconstruire une place dans un monde où son père n’est plus. Elle garde en mémoire chaque petit pas accompli.
Vers un nouveau quotidien
Pauline découvre peu à peu qu’on peut vivre après la perte. Qu’on peut traverser ces moments et les surmonter. Elle garde en elle le souvenir de son père, son amour, les moments partagés. Elle continue de parler de lui à sa fille. Elle sait maintenant que le soutien est indispensable : pour soi, pour son état émotionnel, pour être présente. Et que demander de l’aide est un acte de courage. Elle ressent toujours une peine, un manque, mais elle apprend à perpétuer ce lien, à offrir à sa fille l’héritage de ce qu’il était. Dans son couple aussi, un nouvel équilibre se construit. Accompagnée de son compagnon, elle réinvente une vie, une stabilité, malgré l'ombre de l'absence. Elle retrouve du sens dans des activités simples, mais pleines de vie : cuisiner une recette de son père, relire une lettre, ranger un objet. Ces choses sont devenues des sources de consolation et de guérison.
Son conseil : ne jamais rester seule. Se faire accompagner. Par une psychologue, par un groupe, par des amis. Écouter son besoin, dialoguer avec ceux qui peuvent comprendre. Car accepter sa peine, c’est commencer à guérir. Lire un article, suivre une activité, retrouver un ami de longue date, sont autant de gestes simples qui permettent de ressentir à nouveau du plaisir. Elle aime citer Elisabeth Kübler-Ross : « Le deuil, c’est l’amour qui n’a plus d’endroit où aller. » Une phrase forte, qu’elle garde près d’elle comme une boussole dans cette phase difficile mais pleine d’humanité. Elle sait désormais qu’il existe une diversité de chemins vers la paix intérieure, et qu’aucune réaction n’est mauvaise lorsqu’elle est accompagnée avec bienveillance.